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majorité ils n’eussent opté pour leur nationalité d’origine. Ce projet a été depuis lors réalisé. L’objection de M. Étienne est que les Espagnols naturalisés ainsi d’office dans la province d’Oran, où ils sont plus nombreux que les Français, pourraient « s’emparer de toutes les administrations communales et préparer moralement l’annexion du département d’Oran à l’Espagne ». Ce raisonnement est à contresens, puisque la naturalisation portant sur les individus venant chaque année à la majorité serait graduelle. On sent dans cette opposition le politicien qui craint l’arrivée de nouvelles couches d’électeurs. Les Espagnols seront bien plus redoutables si on ne cherche pas à les assimiler. Les Américains aux États-Unis sont autrement larges avec les émigrants allemands qui dans certains comités forment la majorité. Le service militaire à effectuer sur le territoire de la France continentale servirait d’ailleurs à franciser ces jeunes Espagnols.

« Certains écrivains comme M. Paul Bourget se montrent peu favorables aux naturalisations nombreuses qui, d’après eux, altèrent le type national ; mais en admettant cette objection, ce qui n’est pas notre avis pour la France continentale, on ne peut la soulever en Algérie. La collation de la nationalité française à de nombreux étrangers est indispensable en ce pays pour que nous nous y assurions une solide prééminence. Nous ne faisons ainsi qu’imiter les Romains, les grands maîtres de la colonisation africaine. »


C’est là précisément une des causes de la décadence romaine en Afrique…

Il est difficile d’accumuler en aussi peu de lignes autant d’erreurs que sait le faire M. Leroy-Beaulieu.

D’ailleurs il est inutile d’insister. Le fait lui donne tort. Et cela suffit.

Notons seulement que pour une fois que les députés algériens avaient raison, vraiment ils n’eurent pas de chance. On ne les écouta point. Les sophismes de l’école triomphèrent de leur expérience qu’ils n’avaient pas besoin de truquer sur le propos, car elle était alors en accord avec leur intérêt électoral. Il n’en est plus tout à fait de même aujourd’hui…