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M. Lenormand a publié (Librairie africaine et coloniale J. André, Paris, rue Bonaparte), sur le propos, un gros livre, le Péril étranger, bourré de documents et de faits précis, qu’il faut lire, de la première page à la dernière, si l’on veut avoir une idée vivante de l’influence étrangère. Un livre que je ne veux ni démarquer, ni résumer, ici, préférant y renvoyer le lecteur.

Cette influence étrangère se traduit par des petits faits caractéristiques, et dont la valeur égale celle des plus savantes dissertations. Lisez ceci, qu’écrivait M. Allan, dans le Petit Fanal oranais du 5 avril 1899 :


« Nous célébrons une fête espagnole et nous en faisons, nous Français, une fête nationale, presque patriotique, parce qu’elle l’est pour les Espagnols. « À l’occasion de la Mouna, dit naïvement le Petit Fanal de dimanche, le journal ne paraîtra pas demain. » Et l’Écho : « Nos ateliers étant fermés aujourd’hui, à l’occasion de la Mouna… » Pour rien au monde, nous n’aurions dit : « À l’occasion du lundi de Pâques… » Je demande si la contre-partie existe ; si les Espagnols ont pris une quelconque de nos coutumes, ont adopté notre manière de vivre, nos plats, et, comme je suis bien obligé de répondre négativement, j’en conclus que ce n’est pas nous, Français, qui sommes les forts et les plus gros, puisque c’est nous qui sommes mangés. »


M. Pierre Batail a publié dans la Vigie algérienne, en 1898, une série de remarquables articles sur la question. Il a constaté, en le déplorant, l’envahissement de l’esprit étranger. Il attribue les excès de l’antisémitisme à « une tourbe venue de tous les pays du monde ». Il se demande : « Serons-nous encore Français demain ou nous livrerons-nous à une poignée d’énergumènes ? » Enfin, il constate que « les Français d’origine n’ont plus le droit de dire leur façon de penser en Algérie ».