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parce que l’Algérie de 1895 et 1898, l’Algérie d’aujourd’hui, n’est plus du tout l’Algérie de 1870. La mentalité française, existant encore en 1870, s’est lentement métamorphosée, l’esprit français qui l’animait jadis est allé s’altérant de plus en plus sous l’influence de populations inférieures, d’Espagnols, de Maltais, d’Italiens. La rive méditerranéenne africaine est devenue, comme il y a cinq siècles, l’exutoire de tout le bassin de la Méditerranée, et nous avons contribué, de notre côté, à cette formation d’éléments sociaux hétérogènes, parce que nous avons commis la faute énorme de laisser se rompre les mailles les plus indispensables à la chaîne des traditions et des communications intellectuelles de l’Algérie avec la France. Nous avons créé des écoles supérieures, organisé le recrutement sur place d’un personnel d’instituteurs, de professeurs même, qui ont donné aux futures classes dirigeantes d’Algérie une éducation qui n’était plus du tout une éducation française. »


Dans son livre les Juifs algériens, M. Durieu écrit :


« Il y a maintenant 163.243 Français nés dans le pays. Tandis que leurs pères n’avaient eu à subir que l’influence de l’esprit de conquête et des préventions musulmanes, contrecarrée par une douceur native et un libéralisme convaincu, les fils et les petits-fils ont eu, en outre, à supporter les effets de l’invasion étrangère.

« Depuis 1866, la plèbe étrangère européenne passe de 91.228 individus à 227.503 en 1891, pour s’élever actuellement, malgré la funeste loi de 1889, à 274.929, y compris les naturalisés. Comment ces populations inférieures — espagnoles, maltaises, italiennes — n’auraient-elles pas exercé une influence déprimante sur ces Français algériens ? Aujourd’hui, la contamination des Algériens par les étrangers est devenue le mal le plus redoutable dont souffre l’Algérie. Aux préjugés de leurs pères ils ont joint, aussi facilement qu’inconsciemment, les violents défauts des arriérés avec lesquels ils ont dû se mettre à l’unisson, sous l’influence de cette puissante loi d’imitation sympathique à laquelle aucun être n’échappe.

« Le Français algérien est encore, — il se croit toujours Français. Qu’on laisse ce nivellement s’opérer, il ne sera bientôt plus qu’un métis. »