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fluence de la condition nouvelle des transplantés… Il est un autre élément de transformation et de déformation très important ! le mélange de sang étranger, le contact avec l’étranger. La Colonisation algérienne, maintenant qu’on n’y meurt plus et qu’il y a autre chose que des coups de fusil à recevoir, que des fièvres à récolter, attire une masse considérable d’étrangers. La descendance arabe, laissée par l’islam en Espagne, en Corse, en Italie, à Malte, revient. Cette descendance est désislamisée, mais pas christianisée, pas européanisée. Voilà le phénomène qui échappe aux sociologues, lorsqu’ils parlent du péril étranger en Algérie. Voilà ce qui donne son caractère baroque à la masse européenne, en laquelle se noie le peuplement français de l’Algérie.

L’explication de la déformation de la mentalité française en Algérie, par l’influence étrangère, est plus satisfaisante pour notre amour-propre national et pour notre ignorance des phénomènes d’adaptation, d’acclimatement, que l’explication par l’influence de ces phénomènes ; aussi, les auteurs l’ont-ils généralement invoquée, lorsqu’ils ont essayé de comprendre les horreurs de l’antisémitisme algérien.

Ce fut la thèse de M. Rouanet, le 19 mai 1899, à la tribune, quand il se demandait le pourquoi des « théories violentes, étranges, implacables, affichées par l’antisémitisme algérien » :


« Ah ! ici, j’aborde un terrain très délicat ; je demande à la Chambre toute son attention et je lui demande en même temps de me laisser dire très franchement toute ma pensée.

« Je le ferai modérément, mais je veux dire tout ce que je pense, dans l’ordre d’idées que je vais aborder.

« Si, en 1893, 1894, 1895. l’antisémitisme algérien a pris la forme violente, barbare, que nous lui avons vue prendre à cette tribune, c’est parce que le milieu algérien, où il avait pris naissance, s’était lui-même complètement modifié, c’est