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Et l’on ne sait vraiment laquelle apparaît la plus attristante, l’Algérie des libres penseurs ou celle des idolâtres de la religion.

Jadis le catholicisme, compromis en Europe, a repris force en se développant sur le sol d’Afrique. Il se passe maintenant quelque chose de semblable. La croix qui domine Paris du haut du Sacré-Cœur de Montmartre est moins significative que toutes les croix qui pointent, sur les plus hautes collines, autour de nos villes algériennes. Malgré M. Irr, un catholicisme fétichiste reprend l’Algérie. Cela fut caractéristique dans la crise antijudaïque.

M. Barthou a lu le 15 mai 1899, à la tribune, ces extraits du journal la Croix, sur la journée des pillages :


« Eh bien ! ce jour-là, Alger a manifesté pour le Christ plus qu’il ne l’avait jamais fait ; il s’est mis spontanément, ouvertement, sous la protection du Christ ; c’était tout indiqué : chrétien, antijuif, voilà les deux termes inséparables.

« Qui avait donné ce mot d’ordre ?

« Qui avait suggéré cette idée ? Ah ! personne, si ce n’est le Christ lui-même…

« … Le Christ, qui aime les Francs et auquel il faudra bien revenir, puisque lui seul est le Sauveur ; aussi, la protection a été claire, palpable et évidente.

« Pas une maison française… » — Et vous allez voir combien avait raison celui de nos collègues qui évoquait la Saint-Barthélemy.

« Pas une maison française ou même étrangère, ni arabe, n’a souffert le moindre dégât, tandis qu’à côté on saccageait tout chez le juif, et cela, très souvent, entre deux magasins non juifs.

« Il n’y a pas eu une seule méprise : les commerçants français n’ont pas craint un seul instant pour eux ; et même, si le pillage avait duré plus longtemps, on ne leur aurait rien fait ; tous en étaient certains.

« La France, sous la protection du Christ, a tout couvert, sauf les traîtres.