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une valeur en circulation de 15 ou 18.000 francs. Si notre capital foncier est d’un milliard, c’est, par contre, 5 ou 6 milliards de valeurs que nous pourrions mettre en mouvement. Vous voyez l’accroissement de prospérité publique qui en résulterait. » (Ibid., p. 301.)


Oui… comme dans l’Évangile, on voit la multiplication des pains…

Notons, en passant, ce chiffre d’un milliard, qui vient à l’esprit de M. Vinci, comme celui de la valeur de la propriété algérienne ; c’est celui de l’hypothèque dont cette propriété est grevée.

La conséquence naturelle de la ruse exagérée qui est la naïveté excessive, puis la croyance au miracle avec le développement d’une religiosité fétichiste, on la constate en Algérie. L’Algérie retombe lentement, sûrement, sous le joug — non pas religieux — mais clérical. Ce n’est pas à l’influence de la religion qu’elle cède, mute à celle des gens de religion. Il y a une nuance.

M. Irr protestera, lui, qui disait avec tant de véhémence et de génie français aux Délégations financières :


« J’entends suivre la voie tracée par les idées nouvelles et protester, une fois de plus, avec la dernière énergie…

« Laissez-moi vous dire que la jeune Algérie s’oriente, chaque jour, vers les idées nouvelles. Accoutumée à lire dans l’espace chargé d’azur et de soleil, elle repousse du pied les dogmes anciens, dont les horizons s’arrêtent aux voûtes d’un temple. Au culte des dieux elle substitue le culte des hommes. Elle court droit aux religions sociales et attend, de vous, le geste qui arrachera de votre jeune budget une page toute noircie de millions perdus. »


M. Irr est le patriarche qui enseignait à la jeunesse la bonne parole dans ce mauvais lieu de Mostaganem, où commença la première grande bagarre de l’antisémitisme.