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que M. Régis, vraiment Caroline, eut peur de la cravache de M. Laberdesque.

Mais ce jour-là, M. Laberdesque, s’il avait justement apprécié l’intelligence algérienne, montra qu’il avait compté sans la ruse dito, car il n’avait pas songé que l’Algérie n’ayant plus besoin de lui ne le conserverait point.

Cet esprit de ruse apparaît dans toute l’histoire algérienne. La métropole a, toutes les fois que la question fut discutée au Parlement, condamné le principe de la colonisation officielle, de l’expropriation arabe ; la ruse algérienne, avec ténacité poursuivant son dessein, triomphe aujourd’hui.

La ruse algérienne considère toujours la légalité comme un « écueil. » qu’il faut tourner. Cette année aux Délégations financières, M. Giraud parlant de l’act Torrens, dit :


« … Vous êtes en présence d’un écueil que vous ne pouvez éviter, que le Parlement ne consentira pas à franchir avec vous parce qu’il serait arrêté par la légalité. » (Dél. financ., t. Ier, p. 305.)


C’est devenu normal en Algérie que la ruse à tourner la légalité.

Dans une séance de cette année il y eut sur ce propos un échange de mots doux, caractéristique, entre l’administration et le Parlement d’Algérie.


« Je ferai remarquer à M. Jacquiet en admettant — ce que l’administration n’a pas donné beaucoup de raisons de croire — qu’elle ait cherché à faire passer cette question par la petite porte, il ferait en vérité peu de crédit à son Ingéniosité en supposant que, pour obtenir ce résultat, elle aurait pu avoir recours à une procédure de ce genre. »


C’est toujours cet excellent M. de Peyerimhoff qui nous fournit sur la ruse, pardon, sur l’ingéniosité