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toyables en condamnant leurs méfaits contre la langue et la pensée françaises, contre notre génie littéraire, si nous avons le droit de renvoyer à l’égout ces gens de la Dépêche qui apparentent Cagayous à Montaigne… nous pécherions d’injustice en accablant tous leurs pauvres ouvriers de la couleur, de la forme…

La nullité algérienne en matière de beaux-arts, la race nouvelle n’en est pas seule responsable. Nous aurions mauvaise grâce à vouloir d’elle ce que nous ne possédons pas chez nous ; ce que nous ne savons que d’hier, que depuis Noiré…

Voilà qui fera sourire toutes les médiocrités rageuses de la critique algérienne… oui, vous pouvez, illustres, ajuster vos lunettes, vos lorgnons, vos monocles pour voir si Noiré cette semaine a songé qu’il devait acheter souliers neufs… car c’est à la correction des bottines que la critique algérienne apprécie le mérite… mais vous feriez mieux de regarder ses tableaux et d’essayer d’y comprendre quelque chose.

Et je veux bien vous dire comment vous pourriez comprendre…

C’est que le nombre et l’harmonie du nombre sont l’essentielle condition de beauté pour tous les arts.

Le Chinois a depuis fort longtemps expliqué l’harmonie mathématique des sons dans la musique. Il a montré celle des lignes dans ses grandes architectures. L’art grec vient de cette géométrie reprise. Le décor arabe, de cette géométrie transmise. C’est le nombre et l’harmonie du nombre.

On l’ignorait dans la couleur.

Corot, Claude Monet, Pissarro l’ont pressentie, Noiré l’a révélée.

Ses toiles sont pour nos yeux ce qu’en musique