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ouvrage, car la documentation en exigera beaucoup de citations. Elle a été notée par tous les observateurs.

J’ai lu dans le Siècle du 15 octobre 1898 :

« La science moderne n’est pas restée indifférente aux déformations que la langue latine a subies sous la plume des Africains. Elle s’est plu à relever dans saint Cyprien, Tertullien et le grand Augustin même, les fautes de goût et les corruptions de langage dont leur style n’a pu se défendre, sous l’influence fatale du milieu.

« Il s’en faut de beaucoup que notre littérature, quant à présent, doive d’aussi grands noms à l’Afrique française. Dans l’ordre littéraire comme dans le reste, l’Algérie ne nous a pas encore été prodigue de grands hommes. En revanche, notre idiome subit déjà, de l’autre côté de la Méditerranée, une altération des plus fâcheuses. »

Cette altération, sauf quelques puristes comme M. Casteran, M. de Soliers, M. Lys du Pac, M. E. de Redon, etc., qui croient avoir une solide syntaxe pour carcasser leur rhétorique et leur éloquence, les Algériens en sont d’ailleurs très fiers.

Dans les mois à gale bédouine on voit des colons qui « portent » leurs bourbouilles comme si les boutons en étaient glorieux. Au régiment le vieux soldat qui a belle vérole en affecte supériorité sur les bleus. Ne parlant plus français l’Algérien veut que l’immigré l’admire. Et il force la note. Il y a dans la littérature algérienne (!) un monsieur Musette qui a compris cela. Il leur a donné Cagayous. Ils ont applaudi. M. Musette a du génie.

Voici les vers de Cagayous :

     Oullà ! j’t’asseur’ ci pas gai l’agzestence
     Quand ti n’bé pas ovrir la magasin
     Sans baroufa, sans fir la rospétance
     Et je si pas combien tant di potin !
     J’ti jeur, battel jé laiss’li marchandèses :