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Ailleurs il leur dit à ces bons negotiorum gestoribus :

«  Je vous prie, messieurs, de vouloir bien réserver à cette question toute la maturité et tout le recul qu’elle comporte. »

Et c’est comme ça toujours…

Dans ce que l’on pourrait dire la littérature d’affaires, la littérature politique de l’Algérie, on observe une pauvreté de pensée, une confusion de conception, une incohérence d’expression… Les mots sont désaffectés. On les emploie indifféremment. La richesse de notre langue, il semble que les Algériens la considèrent comme M. de Peyerimhoff notre budget, « qu’ils doivent conserver avec elle des liens précieux sous des formes variables et détournées ». Il se passe également dans leur esprit quelque chose d’analogue à ce que l’on voit sur les « chantiers neufs ». L’ouvrier se sert indistinctement des outils. Comme il n’en a point beaucoup, son « débrouillage » les adapte à tous usages. Quand la civilisation lui en donne beaucoup, l’habitude est prise. C’est la confusion. C’est le cas des mots de la langue française dans le vocabulaire de la nouvelle race. Ou bien l’Algérien emploie le même mot pour désigner les réalités les plus diverses ; ou bien quand il veut richesse, variété, il confond ; tel un « moutchou » qui met les étiquettes marmelade sur les pots de cornichons, et réciproquement ; la confusion qui caractérise leurs poètes dans l’emploi de l’image, qui leur fait dire que pour voir au ciel ils posent le front sur l’herbe du sentier, cette confusion nous l’observons dans l’emploi du mot ; elle est plaisante à la pêcherie et dans les cabarets des « centres » ; mais je la trouve énervante dans les journaux, affligeante dans les documents officiels. Vous la pourrez constater souvent au cours de cet