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   Celui que les destins ont vaincu te salue !

Ce charabia, c’était la bonne versification algérienne avec toutes les hardiesses d’images qui charment les clients de l’Athénée… « le front sur l’herbe pour regarder aux cieux », à Marseille on s’étonnerait ; en Alger c’est naturel ; on comprend ; mais ce que l’on ne comprend pas, c’est qu’un homme soit las de la lutte ardente, car on est dans un pays d’ardents lutteurs jamais las ; mais ce que l’on n’admet pas, c’est qu’un homme se dise vaincu… même par le destin. Ça, jamais. À peine est-il permis d’accepter la victoire de la Mort. Et encore est-ce pour lui demander des ailes afin de remonter au ciel.

Le poète Henri Sans l’a bien compris, lui qui nous dit :


   Comme l’oiseau meurtri par la terrestre fange,
   Notre âme erre, ici-bas, dans le regret des cieux
   Où n’ont pu la garder ses blanches ailes d’ange
   Trop frêles pour une âme au vol audacieux.
   Mais au seuil du tombeau refleurit l’espérance.
   Malgré l’exil amer où nous retient le Sort,
   Nous trouverons enfin, dans l’ultime souffrance,
   Pour remonter au ciel, les ailes de la Mort.


Henri Sans est ce poète qui, à la gloire tapageuse offerte aux artistes algériens par Paris, préfère les lauriers plus discrets d’Alger.

Il me serait impossible de passer en revue tous les poètes jeunes et vieux, mâles ou femelles de l’Algérie… vraiment il y en a trop… Et c’est toujours quelque chose dans le genre de ce qu’on vient de lire. De vagues réminiscences d’harmonie. Dans le démarquage ça se tient à peu près. Dans l’inspiration personnelle ça boite. Et ça fait un rythme singulier ; un