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mer de l’Australie et de l’Asie centrale ayant tout à coup révélé à l’homme des richesses de cette nature, soit tout à fait de premier ordre, soit tout au moins très appréciables, et notre Sud algérien et tunisien venant à l’improviste, avec ses bancs indéfinis de phosphates, de nous procurer il y a quelques années une aubaine de même genre. Bien superficiel et bien ignorant des facteurs économiques modernes serait celui qui, parce qu’une contrée se prête mal à la culture, déclarerait que l’homme n’en pourra jamais rien tirer !

« … Notre lot africain, pour n’être pas tout entier de choix, n’a rien de tout à fait exceptionnel à ce point de vue. Les parties manifestement bonnes y tiennent assez de place pour qu’on doive s’accommoder de celles qu’on serait tenté peut-être, sans assez de connaissance de cause, de déclarer irrémédiablement mauvaises…

« … L’Algérie et la Tunisie sont des contrées plantureuses, produisant à foison toutes les denrées de l’Europe méridionale et de l’Europe centrale. Non seulement elles se nourrissent et s’approvisionnent elles-mêmes, ainsi que les troupes qui les gardent, mais elles exportent des quantités énormes de produits agricoles et de matières brutes diverses… Voilà donc des pays qui sont très avancés en cultures, qui fournissent dans des proportions exubérantes, croissant chaque jour, toutes sortes d’approvisionnements… ressources abondantes inépuisables en hommes et en approvisionnements… On ne saurait trop mettre en relief cette situation remarquable. L’Algérie suffit aujourd’hui par ses propres ressources à la généralité de ses dépenses ordinaires et civiles ; la France n’intervient que pour quelques travaux extraordinaires de routes, de ponts, de ports… Elle se charge aussi de toute la dépense d’entretien de l’armée, tandis que l’Angleterre met ce fardeau à la charge de l’Inde. L’Algérie coûte donc annuellement à la France beaucoup moins qu’on ne le croit… »


Ce que M. P. Leroy-Beaulieu disait ainsi éloquemment en 1882, y ajoutant cette condamnation sévère des détracteurs de l’Algérie :


« Doit-on regarder comme un échec une entreprise de colonisation qui, après 50 années dont les deux tiers étaient des années de guerre, est parvenue à fixer en Afrique une popu-