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inquiéter, jusqu’au jour du résultat fatal… — donc, avec quelques honnêtes gens d’Alger, nous avions trouvé l’inconvenance un peu forte, et brièvement j’avais protesté par la note que voici, dans le journal de Victor Barrucand :


« Pour montrer aux journalistes parisiens qu’Alger était vraiment ville hospitalière et les gagner sans doute à ce que les Algériens disent leur cause, oubliant que partout où règne l’autorité de la République il n’y a qu’une cause, la française, le gouvernement général de l’Algérie nous conduisit tous au lupanar et nous offrit, entre deux coupes de champagne, des femmes qui dansaient nues.

« M. le sénateur Gérente présidait. Un délégué à la presse, M. Raynaud, du cabinet de feu M. Revoil, ordonnait. Ne demandez pas qui payait. C’est toi, lecteur. C’est toi, contribuable.

« Et que nos confrères algériens ne protestent pas en disant que le… service… venait d’eux. Ils auraient tort de se donner la peine démentir pour s’attribuer la dignité… spéciale… qui allait si bien audit sénateur et audit jeune homme de cabinet.

« Cela est un petit fait. Sans doute. Et les gens qui voient de très haut les choses humaines trouveront que, dans la crise actuelle où l’Algérie fait ses nerfs, il est inutile d’insister sur cette petite inconvenance d’une administration croyant que les journalistes parisiens ont besoin d’un guide officiel pour les conduire au lupanar.

« J’en conviens. Aussi je n’insiste pas. Mais il était nécessaire de noter cette indication de mentalité.

« C’est fait. Brûlons du sucre et passons, »


Des gens intelligents auraient compris et profité de la leçon méritée… mais l’intelligence française paraît avoir subi en Algérie dans la race nouvelle des modifications aussi profondes que le sens des convenances.

Cette bonne presse algérienne se fâcha rouge. Elle excommunia Barrucand… Pour moi !!…

Ce qu’il y a de triste en cette aventure, ce n’est