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« Vous nous trouvez sous le coup d’une bien grande et bien légitime émotion et vous voudrez bien me permettre, monsieur le Président, de vous la traduire respectueusement.

« M. Revoil, qui avait donné tant de preuves de dévouement à la cause des colons et des indigènes, qui avait su grouper toutes les énergies dans un même effort pour la prospérité de l’Algérie, dont le zèle était inlassable, après les témoignages unanimes de confiance qu’il avait reçus de tous les points de la colonie, après nous avoir, en dernier lieu, vaillamment et avec succès défendus devant la Chambre, vient de résigner ses hautes fonctions dans des conditions particulièrement inattendues.

« Cette émotion profonde, partout sur votre passage vous en trouverez la manifestation sincère ; elle fait honneur à l’Algérie, qui avait bien vite reconnu dans son gouverneur le républicain loyal et courageux, l’homme de devoir et d’honneur qu’aucune épreuve physique et morale n’avait pu distraire un instant de sa grande tâche, et que nous aurions voulu acclamer à vos côtés.

« Nous avons donc le devoir, au début de ce voyage, après vous avoir souhaité la plus cordiale bienvenue, d’adresser à M. Revoil, avec nos remerciements émus, l’expression de nos plus vifs regrets. »


Si les délégués financiers croyaient devoir se plaindre, ils savaient à qui s’adresser : au président du conseil. Les paroles de M. Bertrand constituaient une inconvenance et un outrage, mais cela paraissait naturel aux Algériens.

Leur inconvenance était d’ailleurs calculée, voulue, préméditée. La Dépêche algérienne avait pour cela fait campagne. Le 20 février, elle publiait un avis disant que les discours « socialistes » annoncés à propos de l’affaire de Margueritte « rendraient bien difficile l’accomplissement du voyage de M. Loubet ». C’est textuel.

Le 14 avril, un M. Aubert envoyait à cette même Dépêche, qui la publiait, une lettre engageant les populations algériennes à manifester pendant le