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choses, alors que par sa prise elle a développé dans le mâle l’instinct de la propriété des êtres.

En Alger les femmes de l’antijudaïsme volèrent. Beaucoup. Naïvement. On sait l’histoire de cette femme de service qui demandait congé à son maître — un magistrat — pour aller chercher sa part de butin. Cela fut raconté à la tribune du Parlement. Voici ce qu’on n’a point dit : Quelques jours avant les troubles, les dames d’Alger avaient admiré en vitrine d’un magasin juif un manteau de soirée très riche (vous savez la camelote « voyante » d’export)… mais un peu cher, et qui pour cela ne se vendait point. Quelques jours après les pillages ce manteau était porté par une dame de la meilleure société. Ce n’était pas du vol. Je le sais. C’était la reprise individuelle.

À moins que ce ne fût les « appétits inconnus aux vétérans du passé » que les Algériens constataient dans leur mentalité nouvelle dès 1871 :


« Nous respectons les quelques hommes de 1848 qui sont restés fidèles à leurs convictions républicaines, mais les jeunes générations ont des aspirations nouvelles, de nouveaux appétits inconnus aux vétérans du passé. » (Radical de Constantine, 25 juin 1871.)


Hélas ! oui des appétits inconnus aux Français de France, voilà ce qui nous attriste et nous inquiète chez ces Français d’Algérie…


CHAPITRE XVI

La disparition du sens français des convenances dans la mentalité algérienne.


Il semblerait que la vie africaine a toujours désagréablement transformé le goût des immigrés, très