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suivant les règles étudiées d’une science très spéciale dans l’art de doser et d’alterner les détails de la plus basse pornographie et de la plus geignarde sentimentalité. Un chef-d’œuvre du genre — parfaitement c’est un chef-d’œuvre et je ne m’en dédis point — est l’histoire publiée le 3 mai 1898, l’histoire du viol de la Française Blanche D… par le juif L…

« … La brute eut raison de cette délicate enfant, et malgré ses efforts désespérés, Blanche ne put résister ; l’ignoble juif venait de violer la fille d’un héroïque marin français. »

Le père était capitaine au long cours ! Puis la malheureuse meurt « sur un grabat ». Le « corbillard des pauvres » la conduit au cimetière où les rédacteurs du journal, suivant le rite antijuif, vont pleurer en portant des fleurs.

Il n’y avait rien de vrai là-dedans. Mais ça chatouillait la clientèle féminine distinguée.

Pour faire profondément vibrer de belle horreur la délicate lectrice et lui donner le long frisson du terrible danger, le juif qui violait tant de malheureuses, qui pouvait d’un jour à l’autre la violer elle-même, les collaborateurs de M. Max Régis en traçaient les plus répugnants tableaux. Être visqueux, purulent, pustuleux, bouc lépreux, satyre puant, c’était la monnaie courante. Quelquefois on précisait scientifiquement ! Le 8 août 1897, le journal décrivait le juif examiné aux rayons Rœntgen et montrait ceci :

« L’appareil de reproduction n’offre rien de particulier, sauf deux boules de consistance élastique pouvant se presser à volonté et communiquant avec l’extérieur par un bout coupé… »

Cela se lisait chez les curés et chez les dames des couvents qui donnent aux jeunes filles algériennes de bonne maison l’éducation.