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Bref les « bonnes filles » ne sont pas contentes… Le client n’aurait pas d’intelligence, pas de délicatesse et ne serait pas généreux. Il y a cependant un nom qui fait rêver les petites ouvrières d’Alger lorsqu’elles « pensent à devenir cocottes ». Elles citent avec admiration le cas d’un jeune homme qui « s’est ruiné pour une femme ». Mais il paraît qu’il a quitté le pays n’y laissant pas école. De jeunes juifs ont cru cependant que le ton de la bonne société française voulait qu’on fît quelquefois des folies pour des actrices. Mais ça n’a pas tenu beaucoup non plus. Le simulacre du suicide leur a paru préférable à la forte somme comme preuve de grande passion chic.

Et cocottes et « artistes » gémissent. Le client leur est pris par « la femme du monde ».

Si l’on additionnait tous les cas de « femmes du monde », de la concurrence de qui se plaignent cocottes et trottins, de l’amour de qui se vantent marlous et galopins dans les trois provinces, le résultat serait stupéfiant ; il y aurait presque plus de femmes du monde que d’habitants… car le troupier qui vient de France, le muletier qui vient d’Espagne, le passant qui vient de partout, absolument tous, vous dis-je, au débotté, l’Algérie leur servirait une femme du monde.

Il y a là plaisant travers… sous le prétexte qu’il y eut, qu’il y a des scandales, que trop de petites bourgeoises demandent à la prostitution clandestine un supplément de toilette, que trop de « dames » ont la cuisse légère, enfin sous le prétexte que l’acclimatement donne en la mentalité féminine la prédominance à l’élément sexuel, il ne faudrait tout de même pas que le touriste s’imaginât qu’en Algérie on n’a qu’à jeter le mouchoir au hasard pour qu’une « femme du monde » immédiatement le ramasse. Et