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Raton et Ducongow. Et cela vous donnera le ton exact de la conversation des hommes d’Algérie quand ils parlent saloperie. C’est leur imagination du vice.

La pratique… lisez les comptes rendus des tribunaux. Les histoires typiques, comme celle de ce médecin d’Alger qui recommande à un brave capitaine de ne plus coucher avec la femme adultère, résolvant ainsi à son avantage le difficile problème du non-partage.

Le capitaine, qui a finalement tiré sur le docteur, à l’audience « rapporte qu’il apprit, un jour, que ses deux fillettes, âgées de douze et treize ans, avaient été amenées par sa femme dans la chambre du docteur et qu’il en ressentit une haine féroce ». (Le Journal, dépêche d’Alger, 4 juin 1904.)

Je sais bien que nous avons, nous, l’affaire Syveton et que les cas des tribunaux, ce n’est point la vie ordinaire. Parfaitement. Très peu de cocus d’Algérie se servent du revolver. Le souci de la manille en retient trop au café.

Un homme de police — un renseigné — très renseigné — avec qui je causais de ces sales choses, me disait :

— Voyez dans les villes le luxe des femmes, les froufrous, ces rubans, ces souliers ; tout ça coûte très cher. La femme ne gagne rien. Le mari peu. Et ce qu’il gagne, il le boit…

— Alors ?

— Rue du Cheval…

— Mais, c’est Alger…

— Il y en a partout.

— Mais pas toutes…

— Évidemment…

— Combien ?