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CHAPITRE XV

Pour que la race vive. La reproduction. Aimer. Les femmes. Les mœurs.


§ I

Le cœur au second plan. La chair au premier.


Le dérasement du Coudiat à Constantine a permis de retrouver beaucoup de tombes romaines. L’une porte une inscription qui résume bien la vie sentimentale de l’Algérien.

« Presilius, orfèvre, avait heureux vécu cent cinq ans. Toutefois il avait éprouvé un léger chagrin quand il avait perdu son épouse. »

L’honnête Presilius, par sa vie sédentaire, à l’ombre l’été, au chaud l’hiver, sans doute aussi par une bonne hygiène d’homme riche, d’orfèvre, avait pu atteindre cet âge respectable de cent cinq années… en donnant à l’amour sentimental le moins possible… un léger chagrin pour la perte de l’épouse.

Cependant elles eurent toujours la réputation du charme, de la grâce et de la beauté les femmes blanches de l’Afrique du Nord.

Et quand nous cherchons idée de leurs amours vient une évocation tout autre que celle du « léger chagrin » de Presilius. À ce mot « femme d’Algérie » correspond dans la série de nos imaginations légendaires un être magnifique et passionné. Un être chéri des potaches et des vieux magistrats, adoré par les poètes de ministère et les clercs d’huissiers qui s’engagent dans les zouaves, un être qui