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le moment nous savons seulement qu’il boit… beaucoup. Et que l’alcoolisme, lequel ne nous épargne pas en France, ne l’épargne pas davantage, plus dangereux, plus pernicieux encore là-bas qu’ici. Et que cet alcoolisme explique l’agitation, les violences, les incohérences, les versatilités d’humeur chez les uns, les idées fixes chez les autres, et dans la masse cette extraordinaire faculté d’oubli qui fait que les crimes de la veille sont de bonne foi niés le lendemain parce que personne ne s’en souvient plus. En 1900, M. Max Régis avait toute la population d’Alger pour complice. En 1904, personne ne se souvenait de l’avoir connu.

L’Algérie « consomme » 789.131 kilogr. de « gobeletterie verre et cristal » et 3.187.002 bouteilles. Voilà pour le contenant. Imaginez ce qu’il y passe de contenu !

Et cela motive une importation de 1.747 kilogr. d’iodures et d’iodoforme… On sait que la population indigène n’est pas encore faite aux médicaments européens… qu’elle ne consomme pour ainsi dire que ceux dont on lui fait cadeau ?… alors… oui !… Une importation de 65.630 kilogr. de bicarbonate de soude. L’Arabe n’en consomme pas. Le « pataouette » non plus. Réduisez. Puis essayez de vous représenter la collection de gastrites qu’il y a derrière ce chiffre de douaniers… et que, s’ils mangent tous, beaucoup ne digèrent pas… La race s’acclimate.

Quant aux bromures, si vous voulez un chiffre de comparaison, voici celui des éponges importées : 1.498 kilogr. d’éponges (y compris celles d’industrie) pour 1.747 kilogr. de bromures.

Et encore réfléchissez. Cela n’est pas des phrases, n’est pas des impressions de touriste.