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daleuse. Il n’y a pas de mot pour désigner celle de l’Algérie.

J’ai étudié une élection vertueuse : celle de M. Colin, qui battit Drumont. Lisez :


« … Oubliant vos intérêts, M. Drumont s’est mis en hostilité permanente avec le gouvernement. Or, le député algérien qui, de parti pris, combat le gouvernement, trahit ceux qui l’ont élu. Il faut, en effet, que, se souvenant des intérêts dont la défense lui a été confiée, il sache leur sacrifier ses sympathies personnelles…

« … Examinez ce qu’ont obtenu les départements voisins : à eux les lignes de pénétration qui permettent de drainer les richesses que vous, colons, avez péniblement arrachées au sol, à eux l’outillage perfectionné… » (Dépêche algérienne, 26 mars 1902.)

Et ceci :

« On ne vit pas de politique. En France, une circonscription peut, passez-moi l’expression, se payer un député de luxe, mais une circonscription algérienne ne saurait, à ce point, méconnaître ses intérêts… » (Dépêche algérienne, 1er avril 1902.)

Et encore :

« L’agitation malsaine exploitée par quelques-uns nous a fait en France la plus fâcheuse réputation. Sans doute elle est imméritée… » (Dépêche algérienne, 18 avril 1902.)

Aussi, ne prenez jamais la peine de dire à M. Colin et à ses électeurs quelle réputation leur vaudraient ces stupéfiantes théories de l’intérêt en matière politique… ils la diraient imméritée. Et ce qu’il y a de navrant, c’est qu’ils seraient de bonne foi. Ils ne comprendraient pas. Leur mentalité est déjà modifiée au point que le parasitisme leur semble légitime. Ils ne mettent point cynisme à l’avouer. C’est pour eux chose naturelle.

Ils ont de la propreté morale, notion comparable à celle que M. Vinci a de la propreté physique.