Page:Hess - La Vérité sur l’Algérie, 1905.pdf/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gation. Le Parlement algérien veut qu’on en profite pour imposer aux compagnies des réductions dans le prix des passages… et comme les compagnies « perdent » déjà, que les délégués insistent néanmoins, ils avouent tacitement par là qu’ils sont prêts à augmenter la subvention, afin que les gens assez riches pour voyager le fassent à meilleur marché, mais aux dépens de la collectivité.

C’est cela que M. Cambon disait une fâcheuse tendance de l’Algérien vers le socialisme, par la faute de ce pauvre maréchal Bugeaud. L’Algérien, cependant, n’est rien moins que socialiste… Si nous en croyons M. Deloupy (Délégations financières, 1er volume, t. II. p. 189. — 1904) :

« Beaucoup de colons fixés dans le pays ont acquis une expérience personnelle précieuse, mais ils la gardent pour eux ou en font profiter de rares voisins. »

L’esprit de dévouement et de sacrifice du conquérant disparaît chez ceux qui bénéficient de la conquête.

Ainsi, le Parlement algérien, M. de Soliers parlant en son nom, repousse la création d’une caisse de retraites, parce que :

« … En créant une caisse de retraite, ce n’est pas pour nous que nous travaillons, c’est pour nos successeurs qui, vers la moitié du vingtième siècle, auraient à leur disposition des revenus qui diminueraient d’autant leurs charges.

« Sans doute on ne doit pas, en ce monde, ne travailler que pour soi seul. La société, qui est une succession ininterrompue d’êtres reliés entre eux, serait impossible si les générations présentes se désintéressaient du sort des générations futures ; cependant, on ne peut pas exiger de nous que nous nous sacrifiions entièrement à leur profit. »

Celui-là, c’est un grand homme de l’Algérie nou-