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quête française de l’Algérie a rajeuni, vivifié dans l’esprit des Français transplantés en Algérie par cette conquête.

M. Cambon, dans la brochure publiant ses discours parlementaires, a écrit :


« Une partie des reproches que l’on fait aux Algériens à quelque parti qu’ils appartiennent proviennent peut-être de certaines habitudes d’esprit qu’ils ont puisées dans les idées personnelles du maréchal Bugeaud.

« On reproche aux Algériens de compter beaucoup trop sur l’État, de ne pas faire assez appel à l’initiative individuelle, de pratiquer une sorte de socialisme innomé qui fait qu’ils tiennent de l’État leur fortune et qu’ils comptent sur lui pour les tirer d’embarras. On peut dire que, si cette tendance n’a pas dépassé toute mesure, ce n’est pas au maréchal Bugeaud qu’on le doit… »


M. Cambon symbolisait ainsi dans la personne et dans la politique du maréchal Bugeaud les modifications apportées par le bénéfice de la conquête à la mentalité française en Algérie.

Un parasitisme renforcé. Vivre aux dépens de l’État ; c’est-à-dire, grâce à la protection de l’État, soit aux dépens des indigènes de l’Algérie, soit aux dépens des indigènes de la métropole. On m’a conté un mot qui aurait été dit par un « homme de la campagne » à M. Cambon. — « … Cependant il y a beaucoup d’argent en France ! »

Ce n’est certes point la même idée qu’on doit lire sous ce que M. Jonnart disait, le 7 mars 1904, aux délégués financiers :


« L’élan de notre production agricole et de nos échanges commerciaux nous autorise à solliciter avec plus d’ardeur que jamais les capitaux et les activités de la métropole, »


Elle apparaîtrait plutôt sous les images poéti-