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« Le Français, écrivait-il, se souvient trop que l’Algérie est une conquête française. Volontairement ou non, le plus souvent sans même s’en rendre compte, il y pose en conquérant. Il ne se plie pas de bon gré aux exigences de sa position ; il n’accepte pas d’emplois subalternes, il veut travailler pour son compte, être propriétaire. »


Être propriétaire ! Dès que le régime républicain et le suffrage universel ont donné à ce Français la souveraineté politique, l’électeur veut que l’élu fasse voter des lois qui lui permettent de devenir propriétaire aux dépens de l’Arabe.

Cet électeur, à force de poser au conquérant, est devenu le conquérant ; en a pris l’âme.

Récoltant du blé en France, au milieu de ses semblables, le paysan n’est qu’un paysan.

Récoltant du blé en Algérie au milieu des vaincus, le paysan devient un seigneur.

Nous avons déjà vu au cours de cet ouvrage comment le colon avoue qu’il est « meilleur », que, ce titre de colon opposé à la qualité de paysan, il le considère comme un titre de noblesse.

Voici mieux : Le colon veut être non seulement propriétaire à domestiques, mais seigneur à soldats. L’esprit féodal que l’on pouvait croire disparu de chez nous… surtout depuis les opérations révolutionnaires de 1792… nos paysans, nos prolétaires, nos bourgeois devenus propriétaires algériens le font revivre sur la terre prise à l’Arabe.

La preuve ?

J’ai plus que mes impressions…

Lisez les délibérations des Délégations financières, vol. 2, page 186. (Colons, 6e séance. — 1904) :


« M. Tandonnet dépose le vœu suivant :

« Le soussigné émet le vœu que la législation relative aux armes soit modifiée en ce sens que les propriétaires auront