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Pauvres dames employées ! Heureusement à l’orgueil de M. Jacquiet répondit la galanterie de M. Cuttoli (Paul) :


« — M. Jacquiet regrette que les dames des postes et télégraphes ne nous aient pas présenté des remerciements. Il me permettra de lui faire remarquer que lorsque, nous faisons quelque chose d’utile, ce n’est pas dans l’espoir d’avoir des félicitations. »


La vie algérienne est riche en détails semblables.


CHAPITRE XII

L’esprit algérien féodal, aristocratique.


Un fait m’a frappé quand j’ai étudié l’Algérie : la persistance de l’Algérien à éloigner le juif de la possession de la terre. Il n’a pu l’empêcher de devenir propriétaire dans les villes, propriétaire de maisons. Mais il a manœuvré — inconsciemment ou consciemment, je ne sais — de telle sorte qu’il y a très peu de juifs propriétaires « de terre ». Également il est intolérable à l’Algérien qu’on ait laissé de la terre à l’indigène.

Et réfléchissez que la terre conquise anoblit.

C’est le droit français de la conquête franque des Gaules.

La possession de la terre du Gaulois vaincu a fait la noblesse, l’aristocratie française.

Et, dans l’âme obscure de l’Algérien que la conquête a mis en possession de la terre arabe, j’ai vu renaissant l’antique esprit…

Il faut qu’il soit bien évident, bien saisissant, car Clément Duvernois, le plus Algérien des écrivains algériens, le signalait en son livre de 1858 :