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Quand on n’admire point, c’est qu’on ne sait pas, ou qu’on est de mauvaise foi. Qui critique diffame. Un jour le directeur du laboratoire municipal de Paris constate que les gros vins d’Algérie sont trop riches en mannite, par conséquent dangereux pour la santé publique. Et il le dit. L’Algérien s’émeut… Contre les vignerons qui ne font pas bien leur vin ? Vous n’y êtes pas. Contre le savant. Des conseils municipaux demandent des poursuites contre le diffamateur !

Il en fut ainsi après les pillages et les vols de l’antisémitisme. L’Algérie s’émut non contre les pillards et les voleurs, mais contre les honnêtes gens qui signalaient les pillages et les vols.

L’orgueil algérien ne permet point qu’on parle de l’Algérie autrement que pour l’admirer. Dans la vie ordinaire cet orgueil dégénère en vanités puériles, en susceptibilités ridicules, en fatuités grotesques.

Une dame ne peut supporter la vie de Paris parce que sur le Boulevard on ne lui dit pas bonjour comme sur la place du Gouvernement. L’admiration quotidienne est nécessaire à la santé de l’Algérien.

Ainsi le véritable artiste algérien préfère-t-il les admirations d’Alger à « la réputation plus tapageuse » qu’il pourrait avoir à Paris.

Etc…, etc…

Encore un détail cependant. L’orgueil algérien est farouche sur le chapitre de ce qu’on nomme à Marseille les « bonnes manières ». Ainsi je lis dans le compte rendu des Délégations financières, 1er vol., 2, page 450 (1904) :

« M. Jacquiet. — Vous vous plaignez pour les employés des postes. L’année dernière nous avons accordé d’un coup 200 francs aux dames employées. Je ne crois pas qu’elles vous en aient remerciés. »