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France également. Mais on le dit moins… depuis que Félix Faure a succombé. Le président aux guêtres blanches — du panache aux souliers… chacun fait ce qu’il peut — avait toujours de la vaillance plein la bouche. C’est le type du Français vaillant ; à qui ressemble en vaillance augmentée le vaillant Algérien.

La nature vaillante de l’Algérien pète en son allure ; mais, comme s’il redoutait qu’on pût se tromper et croire que son vaillant chapeau, que sa vaillante perruque, que sa vaillante moustache, que sa vaillante cravate, que sa vaillante canne et ses vaillants tortillements du derrière en marchant, que tout cela ne signifie pas clairement sa vaillance, il prend bien soin de nous la dire lui-même à tout propos, sur tout propos et hors de tout propos.

Dans tout ce que nous mangeons, nous voulons du sel. Dans tout ce qu’il pense et tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, il veut qu’il y ait de la vaillance. L’idée « colon » est inséparable de celle de « vaillance ». On ne dit pas colon. On dit vaillant colon. Et, en Alger, tout le monde est colon. L’épicier de Marseille est un simple épicier. Passe-t-il la mer, une quinzaine d’heures en transatlantique, et, au lieu de vendre sa cannelle rue de Paradis, la vend-il rue Bab-el-Oued, aussitôt qu’il a, pour se mettre à l’unisson, pris le ton local, ce n’est plus le même homme, ce n’est plus un épicier, mais un colon, un vaillant.

Nos gérants de café sont des personnages importants, qui ont le verbe autoritaire. Ils sont en Algérie des vaillants.

Tous, vous dis-je… partout… épargnez-moi revue plus longue.

On veut une mascarade ; les organisateurs font