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ce propos je suis mis en défiance par les fictions romanesques.

Les anciens m’ont dit que la vérité n’est bien vraie que nue. Je ne vois point la nécessité d’habiller de littérature une vérité sociale. Est-ce pilule à sucrer ? Non. Viande crue à cuisiner ? La sauce fait trop oublier le morceau. Chat de gouttière devient trop facilement lièvre…

Et ce n’est pas le roman qui doit nous montrer la crise du Français transplanté en Algérie…

Il est inutile de chercher à le faire vivre, agir, parler, dans une action romanesque, pour le présenter vrai. Nous le verrons beaucoup plus vrai si nous l’étudions dans sa vie vécue, si, au lieu de le faire agir, nous le regardons agir, si, au lieu de le faire parler, nous l’écoutons parler. Il suffit de l’interroger en enquêteur, par analyse, avec méthode.

Le livre aura moins de lecteurs, moins de succès. Même pas du tout. Mais qu’importe !


CHAPITRE VII

La vaillance « ordinaire » de l’Algérien.


Ce « peuple jeune, ardent, impétueux », est né de la guerre, de la victoire, de la conquête. Il est naturel que la caractéristique la plus apparente en sa mentalité nouvelle soit celle qui procède le plus directement des faits de la guerre, de la victoire et de la conquête.

Nous disons la vaillance.

Avec tout ce qui s’ensuit, le courage, l’esprit militaire, etc. Nous verrons. C’est maintenant la vaillance. En Algérie tout le monde est vaillant. En