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tincte, une personnalité propre, trop longtemps méconnue, étouffée sous le niveau d’institutions importées de toutes pièces de notre vieille France, adéquates à d’autres besoins, à d’autres mœurs.

« Il faut reconnaître que nous avons devant nous un peuple jeune, ardent, passionné, entreprenant et hardi. Contraint, engourdi, énervé, ce peuple risque de s’épuiser en maintes disputes, en agitations mortelles. Mais si vous lui accordez confiance, si vous donnez un élément à son activité, l’essor à son esprit d’initiative ; si vous ouvrez devant lui les vastes horizons du travail libérateur, si vous élargissez et si vous élevez son idéal, vous lui constituez en quelque sorte une mentalité nouvelle et vous pouvez tout espérer de l’évolution de ses idées, de l’élan et de la puissance de ses facultés créatrices. Alors vous ne partez pas en vain à son cœur et à sa raison. »


C’est toujours l’idée du peuple jeune à mentalité nouvelle… une jeunesse qui s’ouvre a la vie et dont nous devons, affirme son gouverneur, élargir l’idéal.

L’Algérie veut bien qu’on lui élargisse l’idéal, mais ça l’agace qu’on lui parle toujours de mentalité nouvelle.

M. Grosclaude l’a dit nettement au président de la République l’an passé :


« Certes, nous acceptons et nous respectons le droit d’aînesse ; mais, nous autres, Français de race, nous ne consentons pas à être rejetés de la famille et nous souffrons d’entendre dire que notre mentalité est autre que celle qui règne au commun foyer paternel.

« Quand vous aurez constaté, au cours de votre rapide voyage, quels bons Français, quels bons républicains nous sommes, vous direz avec autorité à nos frères de la métropole qu’ils se trompent et qu’on les trompe. »


M. Grosclaude, qui demandait à M. Loubet de nous détromper, s’exprimait ainsi en qualité de président du conseil général d’Oran.

Pas de mentalité « autre », il n’a pas « changé