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questions très simples, très nettes et parfaitement limitées comme celles de thermométrie ; c’est un fait abracadabrant, mais c’est un l’ait, il a fallu que M. Jonnart vînt au gouvernement général de l’Algérie pour que les thermomètres officiels se décidassent à ne plus mentir ! Si parfois des études morcellaires ont donné sur l’Algérie des notions exactes, jamais, quels que fussent la bonne foi, le génie, la gloire des gens qui les ont écrits, les volumes d’ensemble n’ont permis au public de s’en faire une idée juste. Même dans Reclus il y a autant de mensonges que de vérités, et tout le génie de l’illustre géographe ne l’a pas mis à l’abri des erreurs où tombent fatalement les travailleurs de cabinet, qui opèrent uniquement sur le bout de papier, la coupure, et s’en remettent à leur intelligence du soin de reconstituer la nature. C’est toujours le vieux préjugé idéaliste qui fausse les jugements se croyant les plus rationnels et vicie les méthodes, etc., etc.

Aussi, malgré l’effort considérable, immense, réalisé par toutes sortes d’hommes, les uns de bonne foi, les autres pas, dans l’étude de l’Algérie le public ne sait pas ce qu’est l’Algérie.

J’ai très souvent, au courant de la conversation, demandé aux gens leur notion de cette colonie, celle qu’ils peuvent dire sans trop réfléchir, sans trop rechercher dans leur mémoire, et surtout sans essayer de s’accommoder à l’intérêt, au goût du jour, la notion acquise, vraie, qui n’est pas le reflet de l’article parcouru le matin ou du livre feuilleté la veille, la notion qui fait partie du bagage d’opinions admises, devenues directrices d’appréciation et d’action, de vote et de souscription. Pour la moyenne des hommes, qu’ils soient Français ou étrangers, riches ou pauvres, ignorants ou cultivés, j’ai noté que « l’Algérie