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économiques, jalouse de son autonomie et fière de ses avantages jusqu’à se croire parfois en état de « voler de ses ailes » et de s’affranchir de la tutelle trop correcte et trop lourde de la mère-patrie, plus ouverte que celle du continent à tous les rêves, à toutes les passions politiques, et dont la puissance révolutionnaire eût été terrible si la diversité même de ces passions et de ces rêves, si des rivalités personnelles et des jalousies locales ne l’avaient affaiblie en la divisait à l’excès. »


Puis ceci, du général Lamoricière, cité par La Sicotière :


« Dans les premières années de la conquête, c’était sur le rivage de l’Algérie que toutes les classes de la société venaient déposer leur écume. »


De Drumont :


« On sait de quelle écume se compose la population des grandes villes de l’Algérie. » (France juive, 2e vol. page 18.)


Au moment des troubles de 1884, le Cri du Peuple a publié sur la population européenne un article reproduit par l’Akhbar du 2 juillet 1884 et où j’ai lu :


« On ne se fait pas en France une idée de ce que peut être la population européenne des villes d’Algérie. Je ne vais pas comme beaucoup jusqu’à dire qu’elle se compose uniquement d’un tas de buveurs d’absinthe — l’alcoolique absinthe étant généralement emporté, violent pendant la crise, mais redevenant bon diable, patient quand la crise est terminée.

« L’Européen là-bas au contraire se maintient dans une crise de nerfs perpétuelle, dans une folie furieuse…

« … Les ratés de tous les pays » les faillis, ceux qui sont obligés de se faire oublier, les employés compromettants ou compromis viennent en Algérie.

« … Au bout d’un an malgré sol, quelque candide qu’on puisse être, on est devenu arabophobe forcené, exploiteur patenté, juif… Un de mes amis qui habite l’Algérie depuis six ans me disait : « Si je n’allais chaque année passer trois ou quatre mois en France, je deviendrais canaille. » Et c’est malheureusement vrai. »