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Il ne s’agit point là d’un « déporté » au véritable sens du mot, comme ceux de l’Empereur.

En 1848 c’est le système d’Enfantin qui obsédait les esprits. On voulait en faire le système de la colonisation algérienne. Le Dr Trélat fut chargé de l’appliquer. C’est à lui qu’on doit les radeaux d’émigrants. 2.500 colons partirent ainsi. Des cultivateurs qui l’étaient « du jour au lendemain ». Tel qui était peintre en bâtiment se découvrait la vocation de laboureur et partait. Le rapport de Louis Reybaud (1849) dit qu’on créa de la sorte « beaucoup de foyers d’oisiveté et d’agitation politiques. »

Ainsi, 1o des aventuriers dans la mauvaise acception du mot ; 2o des dévoyés : nommons ainsi les colons de 1848 et les déportés de 1851.

Quand à ces deux éléments nous aurons ajouté : 3o les retraités, soldats et fonctionnaires se fixant et faisant souche ; 4o les Alsaciens-Lorrains ; 5o les colons officiels ; 6o quelques émigrants libres, nous aurons les origines des 170.964 Français d’Algérie nés en Algérie de sang français. Des origines forcées. Car l’émigration libre, causée par une connaissance réfléchie du pays nouveau, raisonnée, avec chances de succès espérées d’un labeur rationnel, du travail normal de l’émigrant, il y en eut peu, très peu.

Les archives de l’Algérie n’existent pas. C’est d’hier seulement qu’on a l’air de se douter en Algérie que la statistique est une science exacte, que l’essence même des travaux de statistique c’est la précision, que l’à-peu-près si cher aux discoureurs n’y est point de mise et que les idées générales on y doit les ignorer. Jusqu’à présent les statistiques furent toujours établies à l’appui de telle ou telle thèse, jamais dans ce désintéressement absolu qui est le gage de leur sincérité. Aussi est-il impossible