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Et la croyance commune est produite par l’opinion des économistes comme M. Leroy-Beaulieu, qui affirme l’« implantation » de la race française en Algérie avec les plus magnifiques promesses pour l’avenir, et qui veut bien nous apprendre par-dessus le marché que la nature humaine est beaucoup plus élastique qu’on ne se le figure.

Alphonse Allais, qui trouva dans les œuvres de M. Leroy-Beaulieu matière à fortes méditations, pourrait seul, avec toute la gravité nécessaire en aussi important propos, commenter ainsi qu’il siérait cette « nature élastique… »

Sans vouloir expliquer par de semblables considérations de haute science le fait que lui montrent les statistiques officielles et les calculs de ces statistiques, M. Wahl nous dit simplement :

« Les Français, après avoir traversé des périodes critiques, sont aujourd’hui acclimatés aussi complètement que les populations originaires de l’Europe méditerranéenne. Ils ont régulièrement de forts excédents de naissances ; leur fécondité est plus grande, leur accroissement beaucoup plus rapide que dans la métropole. »

Ainsi le « cri de l’opinion publique », au début de la conquête, ce « cri », lequel, d’après Galibert, « demandait que la France jetât en Algérie des racines fortes et puissantes », la Providence (ou la « nature élastique » de M. Leroy-Beaulieu) n’y aurait pas été insensible.

Et si nous en croyons M. Paul Doumer (discours du 22 février 1904 à la Chambre des députés), nous aurions en Algérie 400.000 citoyens français jouissant de la souveraineté.

Je ne sais pas exactement ce qu’il faut entendre par ces mots « racines fortes et puissantes » en matière de démographie.