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territoires limitrophes de nos possessions, et sur lesquels aucune puissance européenne n’est encore établie, tels que ceux du Maroc, de l’Éthiopie et de la République de Liberia. »

Ce qu’il y a de terrible, c’est que ce sophisme des droits d’un État sur un autre État semble être quelque chose de contagieux qui empoisonne les esprits les plus nobles et dont la lucidité paraissait à l’abri de tels troubles, de telles erreurs. Ainsi Jaurès. Il écrit le 20 novembre 1903 :

« Je conviens que la France a au Maroc des intérêts de premier ordre qui lui créent une sorte de droit. »

En septembre 1903, il avait dit :

« Qu’il n’y ait pas d’équivoque. Je sais que par la force des choses l’Europe se répand sur l’Afrique et que la France a le droit de participer à ce mouvement. »

La force des choses !… pourquoi pas celle d’Allah ?

Une sorte de droit. M. Marcel Prévost nous avait fait connaître la demi-vierge. M. Jaurès nous enseigne la sorte de droit.

Et c’est bien un des résultats les plus inattendus de ces affaires algéro-marocaines. Patientons. Elles nous réservent d’autres surprises.

Ce serait à nous faire croire qu’il en est de la morale dans la politique absolument comme de la « délicatesse » dans les choses physiques.

On introduit dans votre cercle un homme au visage rongé de dartres ; à votre table s’assied un malheureux sans nez, pourri de chassie, etc., etc… vous avez des haut-le-cœur, vous pestez, vous jurez. Mais vous ne le chassez pas. Mais vous ne vous en allez pas. Vous vous habituez à sa présence. Et vous finissez par croire que l’iodoforme dont il soigne ses