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Il ne désire nulle conquête. Mais l’action deviendrait-elle nécessaire, il m’en a dit cette loi :

« Une conquête doit être faite par l’homme qui sera ensuite chargé d’administrer… car celui-là ne détruira point ce dont il aura besoin le lendemain. »

C’est donc un grand politique, ce général qui veut en toute action, en tout effort, en tout dessein, la logique. Il ne croit point au hasard ; il le prouve. L’événement, il le prévoit ; il le prévient. On l’a vu ces derniers temps.

Et ce soldat qui brilla dans l’action militaire, qui s’est illustré par son génie administratif, qui s’est élevé par ses écrits au pair des grands philosophes, est par-dessus tout un galant homme.

À sa table, au coin de son feu (oui, l’hiver il fait terriblement froid, là-bas, le soir), dans son salon d’Aïn-Sefra, l’hôte, cordialement accueilli, a l’illusion qu’un charme l’a transporté du pays des sables, magiquement, subitement, ici, en quelque demeure amie, parisienne, où, légère et subtile comme la fumée des cigares, la causerie, doucement, à l’heure du coucher le conduit…

Aussi, dans les souvenirs de ma vie errante, j’aurai, comme un des plus aimables, celui de la soirée que, cet hiver, allant au Figuig, j’ai passée à la redoute d’Aïn-Sefra, chez M. Lyautey, en compagnie de ses officiers, jeunes hommes qui ont comme lui les yeux clairs et francs, et large ouverts sur l’avenir.