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l’esprit qu’il y eût là le moindre héroïsme, ni que cela valût qu’on en parlât. Et certes si je ne devais demeurer dans la mémoire des hommes que pour avoir eu les bras et la peau solides, comme dit l’autre, je ne serais pas fier pour un sou. Le héros de guerre n’est en ultime analyse qu’une parfaite brute. Et que nous ayons fait de la couleur du sang la couleur emblématique de l’honneur, cela prouve que nous sommes une majorité de brutes.

Et que des gens qui par ailleurs font preuve d’intelligence puissent à leur boutonnière porter cette couleur cela prouve la vitalité du sentiment brutal même chez les plus intelligents.

Bref, j’ai dit là-dessus, nettement et souvent toute ma pensée. Même c’est une des causes pour lesquelles j’ai tant d’amis dans le monde colonial où les gens qui ne sont pas des voleurs sont des chauvins… alors…

Donc je suis ce qu’on est convenu d’appeler un des plus lâches et des plus haineux et des plus méprisables antimilitaristes de l’antipatriotisme… je crois me souvenir qu’un monsieur de Montfort, en des articles que je lus dans les journaux du Tonkin, me désigna de la sorte en ajoutant que le devoir des honnêtes gens c’était de me cracher au visage quand ils me rencontreraient…

Je veux bien être tout cela. Mais il me déplairait d’être l’antimilitariste idiot du genre de ceux à qui il suffit de montrer une culotte rouge pour qu’ils foncent dessus comme le taureau sur la muleta.

Et il me semble que de ceux-là quelques malins ont supérieurement joué dans la série des affaires Algérie-Maroc. Parmi les gens qui ont protesté contre les expéditions faites dans le Sud, à faire au Maroc, j’en vois peu qui aient échappé au ridicule des vieilles