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celle du prêt usuraire, qui permet ensuite de saisir le gage.

Ces profonds psychologues, en voyant la répugnance du public à la guerre, ne purent imaginer que ce fût par un autre sentiment que celui de la peur des coups. Imbus de cette idée que le Maroc est une « riche proie », ils supposaient que le public, ayant également cette idée, devait, comme eux, avoir l’idée corrélative qu’une riche proie, c’est quelque chose qu’il faut prendre ; que si on ne la voulait prendre par le moyen naturel qui est la guerre, c’est qu’on avait peur de complications dangereuses… Et alors, croyant toujours que l’on avait le désir de prendre, mais sans danger, ils nous en présentèrent ingénument le moyen.

Toute la presse, tous les économistes, tous les politiciens à l’envi prêchèrent la thèse de : « Prêtons au sultan sur le gage de ses revenus. Il ne pourra rembourser, le gage nous restera. Et l’Europe, jalouse, n’aura rien à dire. » Le grand écrivain qui signe comte de Saint-Maurice dans Gil Blas fit là-dessus l’article type.

La théorie du parfait usurier devint celle qu’on fit accepter à la République pour les relations de la France avec le Maroc.

Et comme un emprunt marocain souscrit par des Français, dont les Français paieraient également l’intérêt, permettait de saisir sur le produit de cet emprunt le paiement des créances dues par le sultan aux étrangers, ces étrangers ne firent aucune difficulté à nous le permettre, à nous donner même le protectorat qui résulte du récent accord franco-anglais (12 avril 1904), approuvé par l’Espagne le 7 octobre 1904.

Que des Français paieraient également les inté-