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savez-vous ce que c’est, c’est l’impôt, c’est l’amende, c’est la réquisition arbitraire, c’est l’expropriation et c’est la ruine.

« … L’indigène qu’on exproprie, qu’on appauvrit, qu’on ruine par une politique imprévoyante est fatalement voué au brigandage…

« La sécurité, on l’aura, non pas comme on l’a proposé en multipliant les mesures d’exception, les brigades de gendarmerie, en fortifiant les pouvoirs discrétionnaires des administrateurs, en renforçant l’arsenal de nos lois pénales et les dispositions déjà si dures de la responsabilité collective ;

« La sécurité, on l’aura en cessant d’exploiter l’indigène sous le prétexte de l’émanciper et de l’assimiler. »


Ainsi, Monsieur, vous aviez constaté l’abus et vous le signaliez au Parlement, et vos paroles étaient publiées, et dans toutes les communes d’Algérie on pouvait les lire.

Mais vous saviez que tout ce qu’on peut dire, écrire sur ce propos ne change rien à ce qui est, car vous aviez vu qu’ « il n’y a pas d’opinion publique en Algérie ».

C’est pourquoi, sans doute, voulant que votre verbe se traduisît en action vous êtes devenu le gouverneur général de ce pays « dispensé de toute moralité », de ce pays où « notre domination est odieuse ».

Par une singulière habitude de l’esprit français, notre peuple voyant au gouvernement de l’Algérie un homme de votre distinction en arrive à confondre l’homme et la colonie. L’Algérie c’est Jonnart. Jonnart est un bon, l’Algérie est bonne. Et ça va bien !…

S’il ne s’agissait, Monsieur, que de vous et que de vos administrés, si le cas algérien n’était pas lié à