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peut-être de l’homme qui autrefois plaisantait si joyeusement sur le commerce du Sud.

J’ai lu les travaux de M. de Colomb dont le nom fut donné à l’un de nos postes avancés. Cet officier a dit : « Il faut un coefficient aux appréciations du voyageur sur la fertilité du Sud. »

Le voyageur devient en effet très vite un homme d’imagination saharienne. Quand un poète de là-bas vous décrit la mare saumâtre, les six palmiers et les douze ronces d’un jardin, ça devient très facilement le paradis de Mahomet. Nous avons beaucoup de coloniaux retour du désert ou même tout simplement retour des bibliothèques, dont l’imagination ne le cède en rien à celle des poètes sahariens.

M. Clément Duvernois écrivait en 1858 :


« Le rideau épais qui dérobait l’Afrique centrale aux regards de l’Europe se déchire peu à peu, grâce à l’énergie des explorateurs et aussi grâce à notre présence en Algérie et au Sénégal Ces vastes régions qu’on se figurait dépeuplées nous apparaissent aujourd’hui couvertes d’une population de cent millions d’habitants. Ces peuples consomment et produisent… Si l’on sait tirer parti des bonnes dispositions des populations du Sud il y a là une source de profits très importants pour le commerce algérien. »


Vous allez dire que Clément Duvernois n’était point le pape et que son opinion…

Voici donc celle d’un homme qui pour n’avoir pas été pape n’en fut pas moins très longtemps considéré comme l’oracle des destins de l’Algérie, M. Jules Duval, qui faisait la pluie et le beau temps à la Revue des Deux Mondes, au Journal des Débats, à la Société de géographie, que M. Levasseur désespère d’égaler, qui fonda l’Économiste français et fut sacré génial par M. Laboulaye.

M. Jules Duval, pour qui j’eus moi-même beau-