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la Quinzaine coloniale du 25 avril 1899 et vous y verrez un projet de l’amiral Servan qui s’est occupé aussi du Sahara, mais, lui, marin, avec la hantise de la mer intérieure. Pas besoin de chemin de fer. De l’eau. De l’eau pour naviguer. En prendre à la Méditerranée n’a point réussi. Il veut en prendre au Niger. Il a vu les cotes de la carte. Elles diminuent en remontant vers le Nord. Il y a 245 à Kabara et ça va en descendant à 180 jusqu’à 700 kilomètres dans le Nord. Alors c’est tout simple. Faire une tranchée à Kabara, chiper le Niger et l’envoyer au Nord. Et l’organe de M. Joseph Chailley-Bert, âme de l’union coloniale française, en signalant ce hardi projet à l’admiration de ses lecteurs, montre


« … l’intérêt qu’il y aurait à surveiller la mine des Anglais le jour où ils ne verraient plus arriver le Niger dans son delta accoutumé. »


Chez M. Joseph Chailley-Bert on n’a pas souvent de l’esprit, mais quand on en a, c’est du bon.

Il y a des gens que l’anglophobie en matière saharienne rend idiots. Il y en a qu’elle rend éloquents.

C’était le cas de feu ce pauvre M. Laferrière. Il n’avait pas beaucoup d’envolée. Son lyrisme était plutôt négatif. Son humour si bien rentrée qu’on l’ignorait. Mais songer à l’Anglais, dans le désert, lui inspirait ceci à Djenan-bou-Resg le 1er février 1900 :


« … Vous vous rappelez avec quelle nuance d’ironie le représentant d’une des grandes puissances qui nous ont reconnu ces droits paraissait mettre en doute leur valeur effective.

« — Nous avons, disait-il, donné au coq gaulois le sable sans compter. Il y pourra gratter tout à son aise.

« Eh bien, messieurs, nous le gratterons ce sable ; nous y poserons des rails, nous y planterons le télégraphe, nous y