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assurer notre arrière-pays nord-africain par l’occupation si facile et si naturelle du Touat. »


Il ne comprenait pas.


« Une inexplicable timidité nous a, dit-il, empêché de pousser rapidement vers le Sud… On a administré et vécu en Algérie dans le plus bas prosaïsme ; or, la prose unie et grossière ne convient pas aux colonies ; il faut à celles-ci un peu d’idéal, un plan d’expansion. »


Il est poète, M. Leroy-Beaulieu. Poète et patriote. Si l’on avait poussé vers le Sud on n’aurait pas eu l’humiliation de Fachoda. On aurait pu discuter avec l’Angleterre, cette Angleterre


« …qui s’est faufilée vers le Sokoto et le Bornou ; il ne peut plus être question de nous attribuer ces belles contrées ; mais ce qu’on nous a laissé autour du Tchad et les domaines que nous nous sommes taillés dans toute la région environnante valent encore un grand effort. »


Comme M. Leroy-Beaulieu n’a pas d’intérêts dans les affaires de chameaux, il préconise le grand effort par le militaire « allant sur chemin de fer,… le transsaharien. Pour ennuyer les Anglais en leur prouvant qu’on peut les attaquer par terre dans le Sokoto et le Bornou, tout comme les Russes peuvent les attaquer par terre dans l’Inde ! C’est avec de pareilles niaiseries qu’on traite chez nous les grandes affaires.

Un petit détail en passant : une compagnie d’occupation des territoires du Tchad ne peut vivre groupée tellement le pays est pauvre. Mais ennuyer l’Anglais cela ne vaut-il pas tous les sacrifices ?

Ne rions pas trop de ce pauvre M. Leroy-Beaulieu, poète, patriote et diplomate, ni de ses divagations anglophobes pieusement recueillies par le Bulletin du Comité de l’Afrique française. Lisez