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du haut de la tribune… Votre gouvernement a fait condamner quelques maires concussionnaires et vous vous tuez à vouloir administrer en honnête homme ce pays dont les élus sont, je crois, à quelques remplacements près, les mêmes que ceux que vous reconnaissiez alors « dispensés de toute moralité ». Quant aux électeurs, ils ne sont plus tout à fait les mêmes ; ils sont augmentés de quelques milliers d’Espagnols et d’Italiens pour les « fantaisies électorales » de qui « nos millions de paysans et d’ouvriers qui fléchissent sous le poids de l’impôt » ont consenti « des sacrifices et des privations » dont vous ignoriez en 1893 le chiffre. Le ministère des finances ne l’a dit en effet qu’après 1900. Et vous le savez maintenant, ironie du destin, ce chiffre, c’est le même que celui de la rançon d’un autre désastre : cinq milliards, si l’on ne compte pas les intérêts annuels accumulés et progressifs ; mais plus de vingt milliards si on les compte ; et on doit les compter, car nous les avons payés…

Oui, Monsieur, pour dire ces vérités dans un Parlement où les élus de l’Algérie, toujours, ont eu belle force, il fallait du courage. Et il en fallait aussi pour montrer notre « domination odieuse ».


« Je regrette, disiez-vous, que M. le garde des sceaux ne soit pas à son banc, car j’appellerais encore une fois sa sévérité sur ces agents d’affaires véreux qui, impunément, grâce, il faut bien le dire, à je ne sais quelle influence électorale, dont ils se prévalent, dont ils se servent pour intimider parfois la justice elle-même, et détourner ses coups, sèment partout où ils passent la ruine, la misère et rendent notre domination odieuse.

« … Dans certaines régions, la civilisation pour les indigènes,