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peaux transhumant du Nord au Sud et réciproquement, suivant la saison. Cela on le savait. Et, si on ne le savait pas, il était facile de s’en rendre compte.

Est-ce par raison politique et pour empêcher les gens des Hauts Plateaux, les Sahariens, de menacer nos bonnes terres de colonisation ?

Le général Chanzy écrivait en 1870 :


« Placées aux deux extrémités de deux États impuissants à les maintenir, les tribus de la zone frontière… étaient satisfaites d’une vie de troubles… préférable pour elles à un ordre de choses régulier qui eût pu porter atteinte à leur indépendance. Toutefois, ces querelles… étaient, pour ainsi dire, locales, et l’un ou l’autre des gouvernements intéressés ne pouvait y voir aucune menace pour la tranquillité générale. »


Ainsi, un général, qu’on ne saurait cependant accuser d’avoir été un ennemi systématique des expéditions militaires, affirme que rien ne nous forçait à aller nous occuper des querelles endémiques chez les tribus que nous venons de saluer à la mélinite.

En 1874, un diplomate, M. Bourée, ministre de France à Tanger, disait sur le même propos :


« Dans le Sud, le fusil est le dernier et quelquefois le premier argument. Là errent les tribus qui peuplent le Sahara algérien et le Sahara marocain… Ces tribus s’arrangent entre elles ; si, au lieu de s’arranger, elles se battent, l’empereur du Maroc n’y peut rien et nous pas davantage ; là, surtout, il y a des traditions et des besoins plus forts que tous les traités… »


Ces gens qui ne nous menaçaient point, qui étaient habitués à se battre entre eux, est-ce donc par charité chrétienne, puisque nous ne pouvons attendre aucun bénéfice territorial ou militaire de notre action, que nous avons été en soumettre une partie ?

Un rapport du général Saussier, rapport daté de 1882, répond à cette question :