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être que rouge. Mettons que le blanc qui reste c’est la candeur du peuple qui a supporté cela, que le bleu c’est le reflet non d’un céleste azur mais du papier, des billets de toutes les affaires. Oui, c’est bien cela. Cruauté sanguinaire des exécuteurs ; bénéfices des lanceurs ; candeur du peuple qui sans jamais se lasser paie les uns et les autres. Car le beau, le superbe en toute la suite des affaires d’Algérie c’est qu’en fin de compte elles sont payées non par l’Algérie, par le pays conquis, mais par la France, par le pays conquérant.

Le mécanisme de cette suite ? Excessivement simple.

C’est la prise d’Alger. Immédiatement les spéculations immobilières, l’agio sur les propriétés volées met en goût. Il faut s’étendre. Par sécurité ? Pour garder ce qu’on a ? Du tout. On n’avait pas fait la guerre aux Arabes, on ne l’avait faite qu’aux janissaires. Les Turcs vaincus, chassés, pour en garder le domaine conquis le moyen le plus simple c’était de vivre en paix avec les Arabes qui ne demandaient que cela.

Mais tous les conquérants n’étaient point nantis. Il en venait d’autres. La fortune des premiers arrivés faisait saliver les suivants. Marche, France… marche ! Tu devais donner de la terre aux fils qui t’en demandaient… Si encore il n’y avait eu que des Français !… Pour la donner, la prendre. Pour la prendre, faire la guerre. Pour en assurer la possession à qui la recevait, occuper. Prendre et occuper aux frais du budget métropolitain.

Notre occupation du Sud qui est aujourd’hui sur la route de Tombouctou s’est faite ainsi, magnifiquement « vissée » à la métropole. Quand le Parlement est consulté, c’est pour payer. Il clame, il réclame, il grogne, ronchonne, mais paie,… nous fait payer.