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CHAPITRE VII

Sur le mobile « affaires particulières » dans notre extension au Sud.


Dans cet ordre de faits il faudrait des volumes pour le détail. Mes notes font un amas. Données toutes, ce ne serait que répétitions fastidieuses. Je ne peux, je ne veux prendre ici que les faits principaux, les événements typiques, les idées maîtresses. Mon but n’est point de vous donner la chronique, les annales de l’Algérie, mais de vous apporter la lumière qui, sur le propos de l’Algérie, vous permettra de voir les réalités de notre action coloniale et de les comprendre.

Vous avez vu l’affaire de début. Vous savez qu’il n’y avait là rien de civilisateur. Vous savez aussi que dans la suite de nos moyens d’action les considérations d’humanité furent toujours négligées ; qu’il n’y eut aucun progrès moral dans l’emploi de nos moyens « pacificateurs » ; que le seul progrès fut dans l’efficacité de nos instruments de destruction. In-R’har qui est d’hier pointe le record. 1.200 personnes, de tout âge, hommes, femmes, enfants montrant peu d’empressement à recevoir notre civilisation, notre libération, notre protection, pour être bien sûrs qu’ils n’y échapperont pas, on en tue 1.038. C’est de l’ouvrage propre et rapide. À navrer les mânes de Rovigo, de Pélissier… et d’Attila.

Par ces procédés le drapeau qui, en 1830, fut planté blanc sur les murs d’Alger, soixante-dix ans après fut hissé tricolore au-dessus des palmiers du Touat.

Vous penserez qu’avec tout le sang, celui du conquérant et celui du conquis, ce drapeau ne devait