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voyant au lieu du rire vengeur font monter un sanglot !…

Douleur de toutes les douleurs. Épouvante et honte. Et je suis de la nation de ces gens-là ! Et je suis de la race de ces gens-là !…

Non, non. Cela n’est point possible. Avec les bourreaux jamais. Avec les victimes toujours. Avec les nègres ; avec les jaunes. Avec les Arabes… et contre les autres. Jeune homme qui liras ceci, je t’en conjure, je t’en supplie, oublie pour un instant que tu veux être quelqu’un, quelque chose, que tu as le souci d’une carrière ou d’une position, que par conséquent ton intérêt exige que tu entres dans le sillage des requins, oublie ces nécessités, pour un instant, je ne t’en demande pas plus… et songe avec ta seule raison à ces réalités qu’ils calculent de la quantité de sang qu’ils disent juste de verser, étant par ailleurs donnée la quantité d’or à gagner… Vois… te dis-je… Et si tu n’es pas irrémédiablement pourri,… je suis bien tranquille, je sais de quel bord tu te rangeras. Et c’est pourquoi, taisant mes colères, j’espère. La civilisation fait disparaître de nos prairies, de nos forêts les bêtes malfaisantes. Le jour vient également où on ne les trouvera plus dans notre politique. On admire dans les muséums des squelettes, des griffes, des cornes, des dents de monstres épouvantables qui jadis, aux périodes enflammées de notre globe, luttaient. Je vois qu’aux bibliothèques on lira dans le même étonnement, quelque jour, les théories de l’omelette humaine du progrès…