Page:Hess - La Vérité sur l’Algérie, 1905.pdf/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitue. Quand on apprend de nouveaux massacres et qu’on les dénonce, le public semble dire : « Encore… mais c’est une vieille histoire… nous la connaissons. » Et l’histoire nouvelle passe avec la vieille. Et ce délicieux Bulletin des civilisateurs de l’Afrique, en notant les tueries de M. Servières, peut écrire :


« Il convient d’observer que l’opinion a été assez calme en apprenant ces nouvelles et que la presse s’est généralement abstenue de commentaires échauffés, bien qu’elle ait expliqué parfois ces événements de l’Extrême-Sud avec une ingéniosité un peu bouffonne. On commence à comprendre chez nous qu’avec la meilleure volonté du monde il est impossible de faire une omelette sans casser quelques œufs. »


Hélas ! oui. C’est même ce qui m’a dégoûté de la presse française…

La publicité des maisons dont les chefs figurent dans les états-majors de la colonisation par la guerre est toute-puissante, et la presse entière s’incline, servile, devant la théorie « de l’omelette »… on lui en donne quelques bavures. Que lui importent les œufs cassés !…

Ajoutons cependant que ce Bulletin du Comité de l’Afrique française à qui nous devons les chefs-d’œuvre plus haut cités, a des jours de pruderie. Ainsi, appréciant l’œuvre du « Congo indépendant » et citant quelques atrocités reprochées aux soldats de Léopold, il a dit : « … Il semble en tout cas que ce dernier dépasse la mesure et la moyenne. »

Et cela qui d’abord m’avait inspiré quelque sympathie à l’égard de ce Bulletin courageux, assez indépendant pour censurer l’œuvre belge dont les éloges furent publiés même par notre presse socialiste, m’a rendu par la suite… rêveur. Quelle est donc la me-