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l’éminent M. Lavisse, « qu’Abd-el-Kader rompit le traité sur un vain prétexte, le passage des portes de Fer, et que c’est par caprice ou duplicité qu’il déclara la guerre au maréchal Valée. »

Comme la critique de l’historien est avisée, comme elle vient de nous révéler la trop grande habileté du général Desmichels, lequel avait dans la paix avec Abd-el-Kader fait un double traité, un de texte français flattant la France, un de texte arabe flattant l’émir, on croit qu’elle est également sûre pour tous les autres événements.

Elle ne l’est cependant point. Pour la deuxième rupture notre responsabilité est évidente. Nous nous étions engagés à ne point passer les « portes de Fer » ; nous les passons ; c’était déclarer la guerre ; si Abd-el-Kader entre en campagne, c’est que nous l’avions ouverte.

Quant à la première rupture, voici :

Un homme qui avait fait la guerre contre Abdel-Kader, le comte Walewski, dans une brochure où il a consigné ses souvenirs, brochure tombée en oubli très vite parce qu’elle froissait le sentiment public, nous dit :


« On alléguera qu’Abd-el-Kader a rompu la paix ; c’est encore une de ces erreurs généralement accréditées qu’il est important de détruire.

« Le général Trézel, étant arrivé à Oran avec des dispositions différentes de celles de son prédécesseur, engagea les Douers et les Zmélas à se soustraire à la domination d’Abdel-Kader, leur promettant sa protection s’ils secouaient le joug.

« Celui-ci, ayant appris les rapports qui avaient eu lieu entre Ben Ismaïl, un des chefs des Douers, et le général français, envoya quelques cavaliers pour s’emparer de lui et marcha lui-même pour se porter contre ces tribus. Le général Trézel se mit en campagne afin d’empêcher Abd-el-Kader de faire justice de ses sujets révoltés.