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Prenons seulement un exemple typique. Abd-el-Kader est le symbole de la résistance musulmane. Laissons de côté les cruautés, puisque la guerre déclarée c’est à qui terrorisera le plus efficacement, tuera davantage, et que cela est l’essence même de la guerre. L’Arabe fut terrible. Nous le fûmes. En guerre on n’échange pas des douceurs, mais des douleurs. Les mutuelles horreurs, l’indignation des peuples en tient responsables non les deux parties qui les commettent, mais celle qui a rendu nécessaire la guerre. Et le rôle de nos historiens — je veux bien les croire inconscients de cette lâcheté… de cette erreur — ç’a été de montrer les événements de manière à rendre toujours les Arabes responsables de la guerre. Ceux mêmes qui, par sentiment de leur patriotisme français, sont obligés d’en reconnaître à nos adversaires admettent bien dans l’exemple que nous avons choisi, celui d’Abd-el-Kader, que l’émir nous ait loyalement combattus, qu’il se défendait, mais ils n’admettent cela que pour ses premières opérations. La rupture du traité — deux fois — du traité qui peut-être eût terminé la période sauvage et permis aux deux peuples réconciliés de travailler en paix chacun dans les limites de part et d’autre acceptées, cette rupture ils se croient obligés d’en rendre responsable l’ennemi. La mauvaise foi, la déloyauté, l’oubli de la parole donnée, la duplicité, il n’est pas possible, d’après leur patriotisme, que cela soit imputable à nos généraux. Cela ne saurait être le fait que de l’ennemi. Leur sentiment le voit chez l’ennemi. Et leur science est ainsi conduite à le voir chez l’ennemi. Quelque respectueux qu’ils soient de la vérité, ils en viennent à nous faire lire ce que j’ai lu dans les récits, par ailleurs si remarquables, publiés sous la direction de