Page:Hess - La Vérité sur l’Algérie, 1905.pdf/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La guerre est sauvage partout. Mais on dirait qu’un infernal génie la rend plus sauvage en cette Afrique du Nord où les hommes de toutes nations, dès qu’entre eux le glaive est tiré, semblent s’ingénier à vouloir faire pâlir le souvenir des cruautés de Carthage.

Ils n’étaient pas des agneaux les vétérans de l’Empire. Ils avaient passé comme des loups sur l’Europe. L’Algérie en fit des êtres plus féroces. Tout ce que les imaginations les plus apocalyptiques rêveront de plus épouvantable et d’horrible, vous le trouverez dans le récit de nos guerres d’Algérie. C’est Pélissier enfumant des femmes et des enfants dans les grottes du Dahra près de Nekmaria…

Les pénibles nécessités de la guerre… Soit… Mais c’est aussi les notables de Blidah, attirés à Alger par la foi du sauf-conduit que leur envoie le gouverneur et décapités quand on les tient…

Et tant d’autres… La cruauté, la trahison… oui, chez nous comme chez l’ennemi…

Et c’est ce qui m’enrage, c’est ce que je trouve odieux et bête, que nous voulions pour nous, toujours, la vertu, que nous estimions patriotisme de mentir, de travestir l’histoire, d’accabler le vaincu de nos vices… de faire de la résistance musulmane le banditisme et de notre conquête à nous l’héroïsme, toujours, en « bloc ».

Cette déviation du sens patriotique d’après laquelle nous croyons qu’il est nécessaire de donner aux nôtres le beau rôle, toujours, on la saisit, sur le propos de l’Algérie, dans les ouvrages les plus sérieux.

Je ne peux ici m’attarder à faire la critique détaillée de tout ce que l’on a publié sur soixante-dix ans de guerre…